D’un pas suspendu
Demeurer dans l’instable ferveur de l’attente. À peine
effleurer le sol. Avancer d’un pas d’ombre, en toute discrétion,
d’un pas furtif qui ne dérange rien, ne laisse pas de traces, n’a
rien d’une prise de possession. À juste titre, en pleine connais-
sance de cause, lâcher la proie pour l’ombre.
Un pas comme un jour, un mot, un élan après l’autre. Le
chemin a raison du promeneur absorbé, ravi : autres, mais
renouvelés, le lieu, l’espace retrouvés — tout espace, tout lieu
— s’emparent de lui, à son tour autre et revenu au même.
En le délivrant de lui-même, ce qui l’environne le plonge,
ne fût-ce qu’un instant — sans qu’il cesse d’être et de se sentir
au centre des choses — dans un oubli riche de l’épaisseur tra-
versée.