Contre Céline
« Nous devons appartenir à une petite communauté de lecteurs trop sensibles. Nous sommes trop émus, sans doute, par des questions qui n’ont rien à voir avec la littérature, pour nous extasier sur un style sans nous soucier du sens, pour éprouver à toute page le sentiment pur de la beauté quand l’interprétation de l’histoire contemporaine est en jeu. Nous ne parvenons pas encore à rire tout à fait de tout - ce qui ne nous empêche nullement de rire parfois de ce dont les autres ne rient pas. »
Presse et librairies
Le Céline dont il s’agit ici n’est pas le Céline du romantisme noir, celui du Voyage au bout de la nuit (ou de Mort à crédit), auquel on a tendance à identifier toute l’œuvre. C’est plutôt l’auteur qui de l’Église, son premier texte antisémito-littéraire, à Rigodon, son testament xénophobo-romanesque, ne cesse de s’affirmer avec des flux et des reflux d’ostentation, comme un barde de la purification ethnique. C’est Céline tout entier écrivain raciste, polémiste et politique.
Le Monde libertaire, 1997Jean-Pierre Martin montre implacablement comment Céline indiqua lui-même à ses lecteurs hypnotisés comment il fallait le défendre : au nom du style. Comment il ne cessa jamais de louanger sa propre « musique », son « art inimitable »… Comment, sous couvert de sacro-sainte esthétique littéraire, Céline ne cesse de créer entre lui et son lecteur un « espace restreint mais privilégié d’intimité-publicité […] où le trafic des mots et des idées peut se faire en toute impunité ». Et quels mots, quelles idées ! Le livre de Jean-Pierre Martin est précieux, passionnant et très instructif. Tous les pièges grossiers que Céline a tendus à la critique littéraire ont fonctionné. À lire d’urgence.
Philippe Val, Charlie Hebdo, 19 mars 1997On ne peut faire l’économie du sens et de la responsabilité de l’écrivain. Au-delà des pamphlets, interdits, l’œuvre de Céline est traversée par l’histoire et nourrie d’une rhétorique de la haine plus ou moins visible… Souvent plus.
Corinne Denailles, Politis, 29 mai 1997