Aux commencements du rire moderne, Esprit fumiste
« La mer est remplie d ‹ eau, c’est à n’y rien comprendre. » Erik Satie. L’anthologie publiée en 1990 aux éditions José Corti, L’Esprit fumiste et les rires « fin de siècle », assemblait des écrits drôles (ou réputés tels) des dernières décennies du XIXe siècle. Aux commencements du rire moderne interroge l’apport des théories du rire, de l’humour, du comique « absolu”. Il raisonne des formulations qui, depuis Dada et le Surréalisme, contaminent les productions littéraires et artistiques par la parodie, l’ironie, la dérision, l’absurde, la mystification. Loin de s’engager dans une quête illusoire des origines, l’ouvrage présente des études de cas. Il analyse les composantes des œuvres et les conditions de leur réception : qui, par exemple, Boronali, l’Ane-qui-peint-avec-sa- queue, a-t-il faire rire ? L’ouvrage s’intéresse à des formes littéraires ou plastiques souvent mal perçues (les genres brefs, la narration "en roue libre », le calembour visuel) que diffusent aussi bien des auteurs “populaires” (M. Twain, A. Allais) que des écrivains plus “littéraires” (Villiers de l’Isle-Adam, J.K. Huysmans, Mallarmé, J. Laforgue, J. Renard), voire difficile d’accès (E. Satie et ses Mémoires d’un amnésique, A. Jarry et ses Spéculations), ou encore des productions qui ne se donnent ni pour des œuvres écrites (F. Fénéon et les Nouvelles en trois lignes) ni pour des œuvres peintes par des professionnels (les Arts Incohérents). Avec toutes sortes de dissidents - Hydropathes, “Fumistes” ou fantaisistes - ces écrivains et artistes inventent un humour moderne dont nous sommes aujourd’hui les héritiers directs. Il convertit le comique traditionnel en productions hybrides, souvent déconcertantes, parfois énigmatiques. Hanté par la nostalgie du Sublime, il complique et raffine les modes de la drôlerie jusqu’à leurs termes ultimes.