Terre ni ciel
Depuis une vingtaine d’années, et parallèlement à son œuvre « proprement dite », Yves di Manno développe une réflexion très singulière autour des questions que soulève la poursuite de l’aventure poétique moderne, à la croisée de plusieurs héritages et des mutations qui caractérisent le monde actuel.
Les premiers résultats de cette enquête attentive et impliquée ont été recueillis dans « endquote » (Flammarion, 1999) et Objets d’Amérique (Corti, 2009).
Terre ni ciel reprend cet arpentage sous un angle plus personnel, livrant même quelques fragments d’une «autobiographie de lecture » qui éclaire de manière inattendue le paysage contemporain, des rues affligées de Grenoble jusqu’aux rives du Gange : mais c’est pour mieux souligner l’émergence d’une nouvelle invention de la poésie dont l’auteur voudrait faire percevoir l’exigence et la richesse.
Un long entretien au centre de l’ouvrage esquisse un premier bilan de cette déjà longue équipée, qui a bien sûr nécessité l’appui de quelques complices – comme ici Jude Stéfan, Paul Louis Rossi, Mathieu Bénézet, Marie Étienne, Ivan Ch’Vavar, Philippe Beck ou Nicolas Pesquès – mais aussi la traversée « éclairante et bouleversée » d’un territoire dont on ne mesure pas encore précisément les perspectives qu’il ouvre vers d’autres contrées intérieures, d’autres prosodies imaginables, d’autres vies à réinventer.
Presse et librairies
Entretien avec Yves di Manno : « J’attendais de la poésie qu’elle vienne perturber l’ordre établi du monde ».
Christian Rosset, Diacritik, 9 octobre 2019La terre lit le ciel comme le ciel réfléchit la terre ; un ciel lié à la terre de même qu’une lecture poursuit l’écriture. Ainsi une écriture prolonge et détermine toute lecture. Yves di Manno cerne cet entre-deux, espace tendu et toujours en mouvement par lequel il invente une lecture continue qui est création d’un réel non réaliste : réel d’une écriture nourrie par une tradition élue et revendiquée, pensée et dépensée (Breton, Apollinaire, Pound, Borges, Pessoa, Kafka, Pavese).
Anne Malaprade, Poezibao, 11 mars 2014(…) Avec Terre ni ciel, troisième volet de sa poétique, recueil de textes théoriques ponctué de poèmes et reproduisant d’éclairants entretiens, [Yves di Manno] entend payer sa dette aux auteurs qui l’ont accompagné tout au long de sa recherche, et avec lesquels il ne cesse de dialoguer – de vive voix ou au travers des livres lus, parfois traduits ou édités.
Hervé Laurent, Cahier Critique de Poésie, 15 février 2015 — SourceCher Yves,
Je sors ragaillardi d’une lecture de tes livres. La parution simultanée de Terre ni ciel et de Champs vient brusquement de réveiller le vieux démon de la « lecture critique » qui s’était un peu endormi en moi ces dernières années. L’injonction : « il faut changer ta vie » (Rilke) reprend du sens. Non pas changer ta vie (il est bien tard pour cela), mais changer, rajeunir ton regard sur l’histoire récente de la poésie, frotter ton ancienne « manière », à ces perspectives d’écritures radicalement nouvelles qui sont ici évoquées (avec quel brio !). Ce qu’incite à faire ce livre, Terre ni ciel, livre qui s’adresse non seulement aux « pros de la poésie » que nous sommes, mais aussi à tous les lecteurs soucieux de ne pas se laisser enfermer dans une vision sclérosée de cet art que d’aucuns osent qualifier de « cœur de la littérature » tout en s’ingéniant à le rendre toujours plus invisible…
Soucieux d’éclairer son travail et sa réflexion par les liens que ceux-ci tissent avec la vie, Yves di Manno inscrit sa pensée à la croisée des chemins. Créant ainsi son propre territoire. Un territoire constitué de lectures fondatrices — Poèmes pour le jeu du silence, de Jerome Rothenberg ou Travailler fatigue, de Cesare Pavese (pour ne citer que ces deux titres) ; de découvertes régénératrices qui allient approches ethnographiques et poésie. Ainsi de la lecture de l’œuvre majeure de Jerome Rothenberg, Techniciens du Sacré (1968) et de celle des Chroniques des indiens Guayaki (1972), œuvre de l’ethnologue Pierre Clastres.
Angèle Paoli, Terres de femmes, mars 2014 — SourceUn entretien avec Yves di Manno pour l’émission Du jour au lendemain.
France Culture, 11 avril 2014