Lettres sonores

Février 1995

264 pages

Domaine français

978-2-7143-0539-8

18.55 €

Les lettres sonores (zvoukovié pis’ma) étaient à la mode en URSS au début des années cinquante, époque dont l’euphorie se limitait à l’abondance du caviar. Ce terme évocateur m’est venu à l’esprit au cours de l’enregistrement que je destinais à un ami de Moscou. Je vivais déjà en Occident. Pendant une quinzaine d’années, nous avons échangé des cassettes : leurs avantages sur les autres modes épistolaires nous paraissaient indéniables.
J’espère que notre amour mutuel pour Flaubert a préservé ce roman des idées reçues ou grandiloquentes dont les présentateurs de la télévision et la plupart de leurs convives font un usage immodéré lorsque les conversations roulent sur la Russie et le Tiers-monde, ou sur la littérature. C’est un roman à clefs, mais ses clefs ouvrent les portes derrière lesquelles se tiennent Montaigne et Sénancour, Tchouang-tseu et Massenet ; et des mots qui n’ont rien à voir avec les mots de Sartre. Derrière ces portes, il y a un homme seul qui parle à un magnétophone.
La solitude ne sera jamais démodée.

Valery Afanassiev

Valery Afanassiev (1947, Moscou) est un pianiste de renom, connu pour avoir renouvelé notre écoute de Schubert, Brahms ou Beethoven, notamment. En savoir plus.

Presse et librairies

Le regard que l’écrivain pose sur le monde et sur lui-même n’est jamais anodin. Tour à tour grave ou ironique, tendre ou mélancolique, il ouvre une à une les portes où l’ombre des morts se mêle aux vivants. On y croise une foule bigarrée : Montaigne, dont il aime la placide indifférence et Lao Tseu, Platon et Senancour, Proust et Kafka, Cioran et les poètes japonais… Rien n’est étranger à Afanassiev parce qu’il se montre intensément humain.

Paule Tran, Le Soir, 5 mai 1995