Les yeux, L’envahissement des yeux

Mai 2002

352 pages

Domaine français

978-2-7143-0768-2

18.25 €

« Il propulse l’œil hors de l’orbite et le voit voyant le monde : c’est qu’il traverse la matière impénétrable des yeux et de tout l’espace, est au visible ; il voit sans fin jusqu’à se voir.
Et il écrit les yeux comme il substitue le visible au toucher ; la main de la nuit se rétracte dans le bras jusqu’à disparaître : elle pense et il pousse alors en elle le visible pour que les signes soient amoncellement d’yeux : il fait doublement exister l’intouchable là où commence la nuit.
 Et il ne fait jamais qu’appeler les yeux là où ils sont aveugles, prolonger le tout de la matière vivante pour se tenir au plus loin de la disparition. »
Depuis plus de trente ans, l’œuvre plastique et l’œuvre poétique de Jean-Luc Parant, artiste inclassable et unique, réitèrent une même obsession qui « tourne autour » de l’œil, du regard et plus loin de toutes les sphérités ; et le comble c’est qu’il ne l’épuise pas cette obsession comme si à travers l’œil, c’est la planète entière qui défilait, la planète ronde que l’on a sous nos pieds et celle intérieure ou objectivée, qu’on l’on a sur nos épaules.
L’œuvre de Jean-Luc Parant pourrait presque être structurée dans un immense livre unique, c’est un peu cette idée qui a présidé à la structure de ce livre qui en contient quatre.
Les Yeux c’est donc quatre livres en un, quatre variations sur une même antienne, sur un même refrain qui chaque fois ajouterait du sens au refrain précédent.
Noémie Parant

LA DEDICACE DE L’AUTEUR pour radio France : Voyant ou aveugle par morceaux. Je suis aveugle de la terre tout entière comme je suis aveugle de mon corps tout entier. Si je suis voyant d’une petite partie de la terre, je ne suis voyant que d’une petite partie de mon corps. Si mon corps est la terre, le corps est ma terre. Je ne vois de mon corps pas plus que je ne vois de la terre. Je vois par morceaux, je me vois par morceaux, morceau de terre par morceau de corps. Je vois la terre et mon corps comme si je les touchais. Je suis tout près de mon corps et tout près de la terre, je ne suis pas assez loin d’eux. Je touche la terre des pieds, je suis tout entier dans mon corps. Il n’y a pas assez d’espace entre eux et moi. Il fait jour dans le ciel mais nuit sur la terre comme il fait jour sur les hommes qui m’entourent mais nuit sur moi-même. Je suis voyant de mon corps comme je suis voyant de la terre, mais je suis aveugle de la plus grande partie de mon corps et de la plus grande partie de la terre. Mon corps est-il aussi grand que la terre, la terre est-elle aussi petite que mon corps ? Je suis sur la terre comme je suis dans mon corps et je suis dans mon corps comme je suis sur la terre.
(Jean-Luc Parant)

Presse et librairies

 De même qu’il a fallu Edgar Poe pour que nous comprenions les causes du Noir de la nuit à travers les méandres d’une « histoire», de même il faut Jean-Luc Parant pour nous faire saisir l’origine de la peur du Noir à travers la spirale d’une « parole ». Le pouvoir du conte de fées s’exprime allégoriquement dans ces phrases de contes de fées. L’auteur des Yeux fabule dans le noir pour l’enfant fabulant dans le noir qui a sur vécu en nous jusqu’à aujourd’hui.

Jean-Baptiste Goureau, Le Nouveau Recueil N°66, mars-mai 2003