Le vagabond approximatif
De la Beauce aux Cévennes, l’auteur égrène rencontres, souvenirs et méditations au cours de pérégrinations à travers les campagnes. Marcheur infatigable mais sans exploits, ami des chats, des oiseaux et des compagnons de rencontre, il accorde à l’errance la valeur symbolique d’un mode d’être et de penser.
Un vagabondage mêlant réalité et imagination, dont notre marcheur revendique le caractère d’improvisation joyeuse : « Si les gens ne comprennent pas toujours ce qui motive mon cheminement incertain, trop erratique et désinvolte pour ressembler à une expédition sportive, trop obstiné pour être identifiable à une promenade touristique ou hygiénique, ils me prennent grosso modo pour ce que je suis : un marcheur. Ni maraudeur (on me tirerait dessus), ni randonneur patenté (on me soutirerait des compliments sur les beautés régionales et la supériorité touristique du département sur ses voisins). Cela me va bien, cette espèce d’entre-deux étant conforme au caractère gentiment aberrant de mon voyage ».
Presse et librairies
Picard sort de chez lui, et, sans se presser, le voici qui arpente la Beauce, terre plate et fastidieuse. Sauf que l’œil nous dévoile, dès les premières pages, une autre réalité. Celle des hommes. En vérité, Picard ne marche qu’à la recherche de ses semblables, le décevraient-ils. Son Graal, c’est la bouteille qu’on partage, la poignée de main qu’on échange. Conquis, le lecteur enrage de ne pas être à sa place. On appelle cela : la littérature.
Gérard Guégan, Sud-Ouest Dimanche, 1er avril 2001Ce Christophe Colomb du quotidien ne se lasse pas de la poésie des chambres d’hôtel, des rues pas éclairées, des vieilles antennes de télé toutes tordues, se fait caresser les épaules par les rafales de vent, joue de la musique avec des brins d’herbe et dessine des scènes ouvrières. Son univers, dégagé du naturalisme, est d’une fraîcheur revitalisante. Embarquez-vous pour un voyage en Picardie, « sans but et sans thème ». Vous n’en reviendrez pas.
Bernard Morlino, Lire, mai 2002