Fragments
Traduit de l'allemand par Maurice Maeterlinck.
Précédé de Les Disciples à Saïs
Postface de Paul Gorceix ("Introduction à la poétique symboliste")
En février 1890, au moment où Maeterlinck lit Novalis, paraît dans la revue L’Art moderne un texte qu’il faut lire comme une vraie profession de foi esthétique. Il s’intitule « Confession du poète » :
« Je me sens attiré avant tout par les gestes inconscients de l’être, qui passent leurs mains lumineuses à travers les créneaux de cette enceinte d’artifice où nous sommes enfermés. Je voudrais étudier tout ce qui est informulé dans une existence, tout ce qui n’a pas d’expression dans la mort et dans la vie, tout ce qui cherche une voix dans un cœur. Je voudrais me pencher sur l’instinct, en son sens de lumière, sur les pressentiments, sur les facultés et les notions inexpliquées, négligées ou éteintes, sur les mobiles irraisonnés, sur les merveilles de la mort, sur les mystères du sommeil, où malgré la trop puissante influence des souvenirs diurnes, il nous est donné d’entrevoir, par moments, une lueur de l’être énigmatique, réel et primitif ; sur toutes les puissances inconnues de notre âme ; sur tous les moments où l’homme échappe à sa propre garde ; sur tous les secrets de l’enfance, si étrangement spiritualiste avec sa croyance au surnaturel, et si inquiétante avec ses rêves de terreur spontanée, comme si réellement nous venions d’une source d’épouvante. »
Presse et librairies
Peu d’écrivains ont poussé aussi loin que Novalis l’exploration des espaces intérieurs aux confins de la raison et de la déraison.
Pierre Deshusses, Le Monde, 25 février 1994